Créé pour la Ville de Saint-Claude en 1923, l'OPH gère et entretient à ce jour un patrimoine locatif de plus de 1734 logements et 124 logements foyers (logements destinés aux personnes âgées et/ou à mobilité réduite ou handicapées).
Plus de 3 000 personnes vivent dans ses logements, dont la très grande majorité est située sur la Commune de Saint-Claude.
Consciente des problématiques liées au développement durable, l’OPH développe depuis des années une politique d’économie d’énergie qui bénéficient directement à ses locataires. L’exemple de la Résidence « Le Pré Colas » en est une illustration concrète.
Maître d’Ouvrage : OPH Saint Claude (Jura).
12 logements groupés (4 petits ensembles avec chacun 1 logement de Type 2 et deux logements de Type 3).
Opération Certifiée « BEE Logement neuf - Mention « Effinergie-Bepos 2013 » (par Prestaterre CERTIFICATIONS) et « Maison Passive » (par Maison Passive France).
Ce projet a obtenu le Trophée de la construction 2019 « mention BIM ».
Livraison : 2019.
Architecte : Elie BOUCHE - Atelier des Montaines.
L’utilisation de l’ossature bois préfabriquée a été choisie ici comme système constructif.
La fabrication et la mise en oeuvre des murs ossature bois isolé en paille et fibres de bois sur un radier isolé présente une protection au chaud et au froid optimum.
L’ossature est de type échelle double à rupteurs de pont thermique.
Le revêtement extérieur est en lames de bois mélèze non traité classe 3. La finition bardage bois naturel souligne la volonté du parti constructif.
Les logements sont équipés de triple vitrage avec menuiseries PVC et bois-alu.
Le bâtiment étant « Passif » et « Bepos », il n’a pas besoin de système de chauffage.
Dans ce cas, la ventilation double flux joue un rôle primordial pour le confort. En effet, en cas de période sans soleil, l’habitat passif conserve les calories emmagasinées et collecte les calories du quotidien. La VMC double flux se charge de la répartition égale de ces calories entre pièces sèches et pièces humides.
Elle participe à maintenir la température de confort en hiver grâce à une batterie chaude, inclue au réseau VMC, qui vient automatiquement au secours du manque temporaire d’apport solaire. En été, elle participe au confort par un échange d’air rafraîchissant.
Avec une telle performance d’enveloppe et de ventilation, il suffit de faire fonctionner le sèche serviette dans la salle de bain ce qui permet de faire monter la température rapidement. Cette chaleur émise en un seul endroit sera ensuite répartie dans le logement par la VMC double flux.
Chaque logement est orienté plein sud dans le but de capter l’énergie solaire en saison froide. Un avant-toit important participe a protéger les vitrages de la surchauffe d’été.
Un brise soleil orientable devant chaque ouverture permet de se protéger du rayonnement solaire en inter saison et suivant l’ensoleillement au long de l’année. La surchauffe peut entraîner un inconfort que la ventilation nocturne résout.
Chaque toiture est équipée de 20 capteurs solaires photovoltaïques Multi-cristallin (33 m2) représentant 400 m2 au total sur l’opération.
L’opération est située au cœur de la commune de Saint-Lupicin à proximité de la maison médicale et du supermarché. Les espaces de cheminements extérieurs sont adaptés aux fauteuils roulants, l’aménagement intérieur est étudié pour des personnes en perte de mobilité avec des salles de bains équipées de douches à l’italienne sans rebord.
Chaque occupant a été sensibilisé à la performance de son logement et aux « bons gestes » pour garantir son confort au quotidien, via un guide pratique et une visite du bailleur. Un logement sans chauffage étant pour beaucoup un peu déstabilisant au début.
A noter qu’en période de brouillard persistant pendant plusieurs semaines, le locataire peut exceptionnellement utiliser un petit radiant d’appoint suivant son besoin de confort personnel.
Quels étaient les enjeux sur cette opération ?
La demande du Maître d’Ouvrage était de faire une opération labellisée « Bepos » avec un système constructif bois et paille. Il souhaitait également que le chantier soit très court, 6 mois maximum !
Par ailleurs, lors d’échanges avec le directeur de l’époque (il y a 5 ans maintenant) il s’étonnait du fait que , malgré les différentes règlementations thermiques de plus en plus exigeantes et toujours plus d’isolants dans les bâtiments, on continuait à mettre quand même des chaudières... La solution passive est alors apparue comme une solution pertinente.
J’ai prévenu quand même que le choix du passif serait un peu plus couteux et au final il est tout à fait raisonnable (1470 €/ m2) hors PV.
Qu’est-ce qui a motivé le fait d’aller chercher une double certification "BEE Logement neuf- Mention Effinergie Bepos 2013 » et Label PassivHauss ?
Au départ, le cahier des charges du Maître d’Ouvrage était d’avoir un bâtiment Bepos. C’est moi qui ait proposé en plus le Label PassivHauss pour garantir un « vrai » BEPOS. En effet, la mention « BEPOS Effinergie 2013 » garantie un objectif à 0 kWh/m2/an et le Label PassivHauss augmente ce résultat puisqu’on atteint sur ce projet -73 kWh/m2/an donc un bilan très largement positif.
Quelle sensibilisation des usagers du bâtiment ?
Chaque locataire a reçu un « guide pratique » fait sur-mesure où il peut trouver tous les bons gestes pour assurer son confort. Une affiche reprenant les principales informations a été posée dans le local technique.
Une visite des logements a été faite à 6 mois puis à 17 mois pour échanger avec les habitants et repérer d’éventuels dysfonctionnements.
L’absence de chauffage qui inquiétait les habitants au début, (en effet, dès entrés dans le logement ils cherchaient la source de chaleur), est maintenant bien comprise.
Petite anecdote : le premier locataire à entrer dans le logement en janvier avait froid et, effectivement, la température du logement était à 15°. En fait, la batterie de chauffe de la VMC n’était pas connectée. Il lui a suffit d’allumer le sèche serviette de la salle de bain et avec le système de soufflant, l’appartement était chaud en quelques heures !
Quelles leçons tirez-vous de cette opération ?
Nous avons atteint l’objectif d’un chantier court puisqu’il a été réalisé en 7.5 mois comme annoncé lors de la signature de l’acte d’engagement.
Par contre, il faut signaler que le projet a demandé un gros travail collaboratif. Pour arriver à ce résultat, il a fallu un suivi du chantier et un accompagnement des entreprises très important.
A noter également l’importance de nettoyer et entretenir régulièrement le réseau VMC « véritable poumon du bâtiment ». En effet, à la visite des 17 mois, le bailleur a signalé une défaillance sur 2 logements : celle-ci venait du fait que les bouches de VMC étaient obstruées par des pollens car elles n’avaient pas été nettoyées. Il s’agissait de logements proches des arbres. Sur ce type de projet il est donc nécessaire de nettoyer au moins deux fois par an les bouches d’entrée d’air, en juin avec les 1er pollens, et en octobre à la fin de la période des pollens. Le coût d’entretien est d’environ 70 €/an/par VMC.
Concevoir et construire passif est une vraie garantie de la qualité car il y a des tests et des contrôles (étanchéité etc…). Pour arriver à ces résultats tout doit être conçu et dessiné très précisément, rien n’est laissé au hasard. Pour cela, nous avons utilisé la démarche BIM qui a ici prouvé toute sa pertinence et qui préfigure ce qui nous attend pour 2022. Ce projet a obtenu le trophée de la construction 2019 « mention BIM ».
Elie BOUCHE - Architecte - Atelier des Montaines
Source et crédits photos : Atelier des Montaines
